Les transformations des destinations touristiques face au climat en mutation
Le tourisme de la dernière chance : Un phénomène paradoxal
Dans un monde où le changement climatique se fait de plus en plus sentir, un nouveau type de tourisme émerge, souvent appelé “tourisme de la dernière chance.” Ce phénomène attire des touristes désireux de voir des trésors naturels avant qu’ils ne disparaissent définitivement. Le Groenland, avec ses paysages uniques et sa grande couche de glace, est l’un des exemples les plus frappants de cette tendance.
“Le Groenland, majoritairement recouvert de glace, avait ainsi attiré plus de 50 000 personnes en 2021, soit presque autant que sa population à l’année,” explique un article de GEO[1]. Cependant, cette affluence de touristes pose un paradoxe significatif. Le réchauffement climatique, qui est justement ce qui attire ces visiteurs, accélère la fonte des glaciers et la disparition de la banquise. Selon le géographe Michael Hall, “le réchauffement climatique accélère la disparition de la banquise et la fonte du permafrost (pergélisol) et des glaciers”[1].
Les défis environnementaux et les réponses des autorités
Les autorités groenlandaises sont conscientes de la complexité de la situation et travaillent à éviter le surtourisme, un problème qui affecte déjà des destinations comme l’Islande. Malgré les défis, le développement du tourisme est vu comme une source potentielle d’emplois, essentielle dans un territoire qui dépend fortement de la pêche et des subventions de Copenhague.
Mesures de gestion du tourisme
- Développement d’infrastructures : Un nouvel aéroport près de Nuuk, la capitale, est en construction pour accueillir les vols long-courriers, réduisant ainsi la pression sur les anciennes infrastructures[1].
- Emploi local : Le tourisme a un effet positif sur l’emploi local, comme le souligne le maire adjoint de Maniitsoq, qui espère que cela ralentira l’exode des jeunes générations vers la capitale[1].
- Gestion durable : Les autorités promettent de gérer le tourisme de manière durable pour éviter les effets négatifs sur l’environnement et les populations locales.
Les impacts climatiques sur le secteur du tourisme
Le changement climatique affecte le secteur du tourisme de multiples manières, allant des phénomènes météorologiques extrêmes aux changements dans les conditions environnementales.
Effets directs du changement climatique
- Phénomènes météorologiques extrêmes : Les feux de forêt, inondations, vagues de chaleur et autres épisodes météorologiques extrêmes pénalisent le secteur du tourisme. Ces événements peuvent rendre certaines destinations moins attractives ou même dangereuses pour les touristes[2].
- Changement des conditions environnementales : La baisse de l’enneigement, les pénuries d’eau, l’érosion littorale et l’augmentation des risques sanitaires sont autant de défis auxquels le secteur doit faire face[5].
Exemples concrets
- Montagne : Les stations de ski en montagne souffrent de la baisse de l’enneigement, ce qui affecte directement l’activité touristique hivernale.
- Littoral : Les zones côtières sont vulnérables à l’érosion littorale et à l’élévation du niveau de la mer, menaçant les infrastructures touristiques et les habitats naturels.
Vers un tourisme durable : Les stratégies et les outils
Face aux défis climatiques, il est crucial de basculer vers des modèles touristiques plus durables. Les gouvernements et les acteurs du tourisme mettent en place diverses stratégies pour atteindre cet objectif.
Stratégies touristiques durables
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre : Le secteur du tourisme, responsable de 11% des émissions nationales de gaz à effet de serre, doit réduire son impact environnemental. Cela peut se faire via des mesures telles que la promotion des transports en commun, l’utilisation de véhicules électriques et l’amélioration de l’efficacité énergétique des hébergements[5].
- Gestion des ressources naturelles : La conservation des ressources naturelles, comme l’eau et la biodiversité, est essentielle. Des outils d’autodiagnostic, comme ceux mis à disposition par le Commissariat général au développement durable (CGDD), aident les entreprises touristiques à évaluer et réduire leur impact sur la biodiversité[5].
Outils et initiatives
- Outil d’autodiagnostic : Le CGDD a développé un outil pour aider les entreprises touristiques à évaluer leurs pressions, impacts, risques, dépendances et gouvernance en matière de biodiversité. Cet outil inclut un questionnaire d’évaluation et un guide méthodologique pour un tourisme durable[5].
- Plans d’adaptation : Des plans d’adaptation au changement climatique, comme le Plan national d’adaptation au changement climatique en France, visent à enclencher des transformations en profondeur pour adapter les territoires et les acteurs économiques. Ces plans incluent 51 mesures progressives pour massifier les solutions et créer un réflexe adaptation dans tous les pans de la société[4].
Exemples de destinations en adaptation
Le cas de la France
La France, avec son plan de reconquête et de transformation du tourisme “Destination France,” s’engage à promouvoir un tourisme plus durable. Ce plan fixe une trajectoire pour accompagner l’essor du tourisme durable et satisfaire les engagements internationaux de la France en matière de développement durable[5].
Le cas des îles et des zones côtières
Les îles et les zones côtières sont particulièrement vulnérables au changement climatique. Des initiatives locales, comme la mise en place de systèmes de protection contre l’érosion et l’élévation du niveau de la mer, sont essentielles pour préserver ces destinations touristiques.
Conseils pratiques pour les acteurs du tourisme
Intégrer les enjeux de biodiversité
- Évaluation des impacts : Utiliser des outils d’autodiagnostic pour comprendre et réduire l’impact sur la biodiversité.
- Adoption de pratiques durables : Favoriser l’utilisation de ressources renouvelables, la réduction des déchets et la conservation de l’eau.
Promouvoir des modes de transport durables
- Transports en commun : Encourager l’utilisation de transports en commun et de véhicules électriques.
- Réduction des déplacements aériens : Promouvoir les voyages en train ou en voiture électrique pour les destinations proches.
Gestion des ressources naturelles
- Conservation de l’eau : Mettre en place des systèmes d’économie d’eau et de recyclage.
- Protection des habitats naturels : Collaborer avec les collectivités territoriales pour protéger les habitats naturels et la biodiversité.
Tableau comparatif des stratégies de développement durable
Stratégie | Objectif | Mesures | Exemples |
---|---|---|---|
Réduction des émissions de gaz à effet de serre | Réduire l’impact environnemental du tourisme | Promotion des transports en commun, utilisation de véhicules électriques, amélioration de l’efficacité énergétique des hébergements | Destination France, plans d’adaptation nationaux[5][4] |
Gestion des ressources naturelles | Conserver les ressources naturelles | Utilisation d’outils d’autodiagnostic, mise en place de systèmes d’économie d’eau et de recyclage | Outil d’autodiagnostic du CGDD, plans d’adaptation locaux[5][4] |
Promotion des modes de transport durables | Réduire les déplacements aériens | Encouragement des transports en commun et des véhicules électriques | Initiatives locales en France, stratégies touristiques durables[5][3] |
Protection des habitats naturels | Protéger la biodiversité | Collaboration avec les collectivités territoriales, mise en place de systèmes de protection contre l’érosion | Plans d’adaptation nationaux, initiatives locales dans les îles et zones côtières[4][5] |
Le tourisme, face au changement climatique, doit se transformer pour devenir plus durable et résilient. Les destinations touristiques, qu’elles soient en montagne, en littoral ou sur des îles, doivent adapter leurs stratégies pour intégrer les enjeux climatiques et environnementaux. En adoptant des pratiques durables, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en protégeant les ressources naturelles, le secteur du tourisme peut non seulement survivre mais aussi contribuer positivement au développement durable des territoires.
Comme le souligne le rapport de l’OCDE, “le tourisme n’en demeure pas moins un secteur qui recèle un potentiel inexploité dont bon nombre d’individus, d’entreprises et de territoires pourraient tirer parti”[2]. En travaillant ensemble, les acteurs du tourisme, les gouvernements et les collectivités territoriales peuvent créer un avenir plus résilient, plus durable et plus inclusif pour le secteur du tourisme.